Un jour, un matin, ou peut-être une nuit, j’ai rêvé. Rêvé non pas d’explorer l’univers, de remplir des stades entiers de mes vers, ou de trouver une idée révolutionnaire…Non, ce matin-là, j’ai rêvé d’être moi, simplement moi. Mais au juste, qui étais-je ? Le savais-je vraiment ?
Toujours est-il que j’ai senti pousser à l’intérieur de moi, dans un petit endroit difficilement localisable, appelé communément « les tripes », une graine, un je ne sais quoi de je ne sais où. Une envie soudaine d’ailleurs comme après une froide journée d’hiver où vous vous prenez à rêver plage et cocotiers sur fond de mer. Une étendue de sable aux reflets dorés, de l ‘eau, un océan d’un bleu à vous aveugler les yeux. Mon horizon avait besoin de s’élargir, de pousser les cadres qui jusque là retenaient le tout dans du socialement correct. Mon horizon devenu trop étroit pour contenir mes aspirations, mes désirs, mes passions, je suis partie en recherche d’espace. Quand un appartement devient trop petit, on cherche une maison, non ? Déménager, peut-être la solution était là. Mais où ?
Certains plient bagages et envoient tout valser, job, loisirs et famille, au risque de faire des dégâts, des ratés. C’est connu dans un déménagement, il y a souvent de la casse ! D’autres prennent une année sabbatique, s’offrent une parenthèse pour un tour du monde en voilier, et au retour que reste t-il? Les plus téméraires emportent tout et recommencent ailleurs, espérant que la distance élargira leur cœur…mais en toute honnêteté, je ne me suis sentie proche ni des uns ni des autres. Et j’ai fini par réaliser une chose : ce que je ne peux chercher ailleurs, je vais le trouver en moi.
Voilà ma résolution de l’année 2015 ! Elle fait partie de celle qui laisse des traces même après un 31 bien arrosé. Je ne fumais pas, je mangeais sain, « je me prends en main » s’avérait être ma meilleure option !
Deux années se sont écoulé et toujours aucun mot pour les définir. Le silence sera donc mon plus bel hommage.
A présent, le résultat est là, concret, palpable. Il n’y a qu’à regarder mes journées de nana en galère administrative, informatique et commerciale, tous les ingrédients indispensables pour faire un bon chef d’entreprise. Ce que je ne suis pas mais ce que je finirai par devenir…parce que je ne me suis pas laissé le choix. Ou plutôt si, mais je n’avais pas l’option kit de rêve « paillettes et champagne à volonté », du coup j’ai accepté le package un peu moins glam « pôle emploi et papiers à volonté » ! Je me suis acheté un agenda, un vrai, j’ai créé des tableaux excel, des flyers, des cartes de visite, j’ai décroché mon téléphone, je me suis rongé les ongles, j’ai raccroché mon téléphone, j’ai envoyé des mails, des centaines de mails, j’ai attendu des réponses, j’ai espéré, douté, j’ai parlé, beaucoup, et pleuré parfois. La vraie vie, quoi !
Je suis passée du rêve à la réalité. Ce qui n’était au départ qu’une idée, qu’une envie, a germé pour finir par sortir de terre, comme une fleur délicate et fragile. Son parfum, sa couleur, rien ne m’était familier. Plutôt étrange, parfois dérangeant mais tellement vivifiant, que je n’ai rien lâché. J’ai tenu contre mes semblants de sécurité, de confort, mes angoisses, mes peurs. J’ai tenu contre les ont-dits, les réticents, les grincheux, les pessimistes, et je devrais tenir chaque jour du reste de ma vie.
Car je ne suis ni courageuse, ni téméraire, ni ambitieuse, mais un jour, un matin, ou peut-être une nuit, j’ai rêvé. Et depuis cet instant délicat et fragile, j’ai choisi de vivre.
Commencer petit, pour continuer à voir grand. J’essayerai de m’en souvenir jusqu’au prochain jour de l’an…
Pour le moment, je suis partie en voyage…quelque part…loin du rivage.